(Plein été...)
La brise aux doigts légers harpe le pin sonore
Le sol bourdonne et luit comme un gâteau de miel
L’air tremble : une nuée ardente monte au ciel
Et tout l’horizon s’évapore...
Eclair d’or, un lézard a fui sous l’herbe opaque;
Au flexible fenouil la guêpe se suspend,
Un rossignol caché siffle comme un serpent
Au loin un coup de fusil claque.
Mon chien gratte la terre et, dans ce lit plus frais,
S’allonge. A quel gibier rêve-t-il ? Il halète,
Il jappe. Du sillon jaillit une alouette
Que le soleil perce de traits.
La cigale se tait qui vibrait sur l’écorce.
Tous les rameaux du pin sont givrés de rayons
Et sa résine attire un vol de papillons
Qu’un instant marie et divorce.
Lionel des Rieux (1870 – 1915)
Le Pin Bertaud
Le pin Bertaud s'épanouissait à Saint-Tropez, sur la route nationale. (Il avait été épargné lors de la construction de la route, la chance ne lui aura pas souri deux fois…). Centenaire majestueux, il fut sacrifié en 1928 car ses racines nuisaient gravement à la stabilité de la voie ferrée d'intérêt local Toulon / Saint-Raphaël.
Le pin a disparu depuis longtemps. La voie ferrée aussi.
Pointillisme, divisionnisme : "Le Pin Bertaud" peint en 1909 par Paul Signac (1863 – 1935)