Après tout, ce n'est pas parce que vous ne voyez rien qu'il n'y a rien !
Une ombre, rien qu'une ombre parfois me suffit à créer une autre image, une autre histoire.
Après tout, ce n'est pas parce que vous ne voyez rien qu'il n'y a rien !
Une ombre, rien qu'une ombre parfois me suffit à créer une autre image, une autre histoire.
Les ganivelles, comme des barrières inutiles sur le vide de la morte-saison
Et les oyats, crinière de la dune, s'échevelant sous le souffle inamical du large...
Tant de soleil ce matin !
plein la baignoire, plein la salle de bains…
Et plein la chambre vide...
Edward Hopper - "Soleil dans une chambre vide" - 1963
Elle souriait
et son sourire – elle le semait à tous les vents.
Et les gens,
qui avaient l'air de se foutre éperdument
les uns des autres, se souriaient.
Se souriaient tout simplement,
se souriaient sans ironie
et sans envie,
car ce sourire les unissait.
Les couleurs même avaient changé,
plus de peine, plus d'ennui.
Un sourire.
Et ils se contemplaient les gens :
ils étaient bons, ils étaient beaux.
[…]
Léonide Pachtchenko
Dans le vent de ses cheveux ell' se balance.
La nuit descend. Vers le ciel d'ombres ell' s'élance.
Danse claire des lucioles, ell' s'envole,
Ell' cherche l'outremer mais trouve les étoiles,
Cet instant où Deneb et Véga se dévoilent
Pour, avec Altaïr, former le Grand triangle.
Mais voici que soudain l'immense empyrée tangue
Et trouble un court instant le paisible séjour
Des dieux qu'elle croyait endormis pour toujours...
[…]
Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change !
Après tant d'orgueil, après tant d'étrange
Oisiveté, mais pleine de pouvoir,
Je m'abandonne à ce brillant espace,
Maurice Sarthou (1911 - 1999) - Le Cimetière Marin -
Huile sur papier - Musée Paul Valéry à Sète
[…]
Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres ;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux !
[…]
Ils ont fondu dans une absence épaisse,
L'argile rouge a bu la blanche espèce,
Le don de vivre a passé dans les fleurs !
[…]
Paul Valéry – "Le cimetière marin"
Devant deux portraits de ma mère
Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,
Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
Le front couleur de lys et le regard qui brille
Comme un éblouissant miroir vénitien !
Ma mère que voici n'est plus du tout la même ;
Les rides ont creusé le beau marbre frontal ;
Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
Où son hymen chanta comme un rose poème.
[...]
Emile Nelligan - "Devant deux portraits de ma mère"
Quartier libre
J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l'oiseau
Ah bon
excusez-moi je croyais qu'on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l'oiseau
Jacques Prévert - "Paroles"
Lève un peu l'abat-jour ma douce. Le soleil chante,
les oiseaux brillent et les pommiers font un cœur !
Avec ses quatre dromadaires
Don Pedro d'Alfaroubeira
courut le monde et l'admira
il fit ce que je voudrais faire
si j'avais quatre dromadaires
Guillaume Apollinaire
Avec Théodore Monod...
"Méharées" - Actes Sud 1989
"L'émeraude des Garamantes" - Actes Sud 1992
Théodore Monod (1902 - 2000) (explorateur, naturaliste, botaniste, entre autres) dans le Ténéré en 1988
Photo Jean-Luc Manaud